REVENIR D’UN LONG VOYAGE: quand les corps reviennent mais que les esprits traînent la patte !


RETOUR D’UN LONG VOYAGE
Quand les corps reviennent mais que les esprits traînent la patte !
Le retour de voyage, tout voyageur le vit un jour. Il y a autant de retour de voyage que de voyageurs ! Chacun y va de ses joies, ses doutes, ses questionnements, ses nostalgies.
Nous avons quitté la France le 15 octobre 2015, nous y sommes revenus le 12 décembre 2018. Nos premières joies et nostalgies du retour à la réalité sont déjà là. Entre le grand bonheur de retrouver familles/amis et les quelques nostalgies incontrôlables, nos corps sont bien rentrés mais nos esprits traînent encore un peu la patte, loin, là-bas !
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Revenons-nous vraiment d’un long voyage ?
Le retour à la « réalité » se fait-il vraiment un jour ?
MAIS DE QUELLE RÉALITÉ PARLONS-NOUS ? retour de voyage
Celle de notre enfance, celle que nous avons toujours connue, celle que nous croyions universelle jusqu’à ce que… la réalité d’Autres nous apprennent qu’ils en existent des différentes. La réalité de notre pays, nos parents, nos amis, notre voisin et nous même par la force des choses. Une réalité où l’on pense la vie par case ou échelon. On naît, on va à l’école, puis au collège, puis au lycée puis… et puis et puis et puis. Vous connaissez sans doute la suite car, au final, nous la connaissons bien cette petite histoire. L’histoire de « tu fais quoi dans la vie » comme si nos jobs définissaient ce que nous sommes. Nous avons découverts des réalités de vie où les gens auraient pu se demander « Et toi, es tu heureux dans ta vie ? ». Bien évidemment que je caricature, mais c’est absolument le ressenti que nous avons eu. Au delà de l’Avoir, de vraies cultures de l’Etre nous ont explosé au visage. Et grand bien nous en a fait. Juste être soi-même, être dans le moment présent avec soi et les autres, juste pour partager des moments de vie.
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Je repense forcément à ce moment fort de notre voyage où nous avons rencontré Zae Mow, un monsieur d’une gentillesse sans nom. Perdus au milieu d’un petit village de pêcheurs à Myanmar, il nous a accueillis chez lui. Un homme avec qui nous avons vécu un partage de vie, juste pour le plaisir d’échanger, d’être ensemble. La curiosité de l’autre, de nos différents modes de vie, essayer de les comprendre ou juste de les entendre avec des oreilles grandes ouvertes et sans préjugés. Ce sont, entre autre, ces moments qui nous bousculent et remettent en question la seule réalité que nous avons connue. Ce moment, où un inconnu, curieux de ta différence et soucieux de ta difficulté, te prend chez lui, t’offre le déjeuner, te montre son village, t’amène à la coopérative des poissons pour choisir ensemble celui que nous aurons le bonheur de manger le midi… Ce moment précis où nous prenons conscience que des gens vivent loin de la notion de l’argent, de la consommation, de l’angoisse du futur sans profiter nécessairement du présent. Ce moment où seul le présent compte parce que seul lui donne du sens aux expériences et aux souvenirs. A ce moment-là précis, nous étions heureux. Tout simplement.
VOUS AVEZ DIT LE BONHEUR? retour de voyage
Le bonheur, parlons-en ! Il nous a beaucoup travaillé pendant notre voyage. Pas que nous le voulions mais forcément les remises en questions s’imposent à nous comme le nez au milieu de la figure. A être confrontés à des gens qui n’ont pas la même notion du bonheur, nous ne savions plus à quel saint nous vouer ! Et soyons honnête, le bonheur n’est-il pas le but ultime de chaque personne. Il peut avoir la forme de beaucoup de choses mais la finalité est d’être heureux. retour de voyage
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Quelle est pour vous la définition de cet état ?
Arrivez-vous à le définir, à savoir ce qui vous rend heureux au quotidien et ce qui vous rend malheureux?
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La réponse peut-être difficile à donner. Difficile car il y a ce que l’on croit qui nous rend heureux et ce qui nous rend vraiment heureux. Vous suivez ?
Dans notre société par exemple, il est bienvenue de croire que « posséder » rend heureux, « avoir » ferait exister. Certains y trouvent leur compte et s’ils en sont convaincus, alors grand bien leur fasse. La notion de bonheur, au final, est relative. Et il faut bien de tout pour faire un monde, n’est ce pas ? De notre côté, aujourd’hui, nous sommes revenus de cette idée, « posséder » ne nous rend pas, nous, forcément heureux. Ce qui nous rend heureux, je pense pouvoir le dire, c’est que nous avons (enfin) trouvé les valeurs et le sens que nous voulons donner à notre vie. Bien qu’avoir de l’argent soit une nécessité, nous ne souhaitons pas qu’il guide notre vie et encore moins qu’il nous rende prisonniers. Nous avons ce profond désir d’être critiques sur notre société, sur la manière dont nous consommons. Nous voulons que nos relations familiales et amicales soient une priorité. Pouvoir prendre du temps avec les gens que l’on aime est bien plus riche que l’argent lui-même. Nous voulons que notre vie soit riche de souvenirs, de découvertes (au bout du monde ou au coin de la rue), d’émotions et de sens. Nous restons convaincus que le bonheur est atteint quand notre vie suit les valeurs profondes auxquelles nous croyons. Le pensez-vous aussi ? retour de voyage
VOYAGE A DEUX: NOTRE BILAN retour de voyage
Ce voyage nous l’avons fait à deux. Nous sommes partis à deux et revenons à deux. Détail important car le voyage n’est pas chose aisée à vivre en couple. Le voyage s’impose à nous, en couple mais aussi à chacun. Le cheminement est personnel avant d’être commun.retour de voyage
Il est difficile de faire un bilan ouvert de 3 ans de voyage. Les changements sont intrinsèques et même si certains peuvent être expliqués avec des mots, d’autres ne le sont pas. Cheminer intérieurement pendant un voyage est très personnel et se vit comme une retraite, un retour au centre de soi-même. Pendant ce voyage, nous nous sommes (re) trouvés, singulièrement et en couple. Ce dont nous sommes certains, c’est d’avoir changé. Mais changés ensemble et dans la même direction ! Et je vous assure que cela est important. Car si le voyage ne se vit pas de la même manière, il peut aussi créer des divergences irrémédiables dans un couple. « Ça passe ou ça casse » avons-nous souvent entendu. Et il ne pourrait en être autrement. Voyager en couple 24/24h est un accélérateur émotionnel et relationnel. Tout est plus fort, plus condensé, plus rapide. Mais il nous semble que les deux possibilités apportent du bien. On s’explique: si « ça passe » alors le voyage vous a fortifié et soudé. Vous reviendrez sur la même longueur d’onde avec l’idée d’avancer sur le même chemin. C’est dans cette idée là que nous revenons. Mais bien que nous soyons partis avec 14 années de vie commune derrière nous, ce n’était pas toujours gagné. Un nouvel équilibre est a trouvé dans une vie où nous nous côtoyons 24/24. Une vie où tout est mis en lumière puissance 1000. C’est alors que la communication et les compromis font place sinon… »Ça casse ». Il faut alors, peut-être, voir cette rupture comme celle qui devait arriver un jour ou l’autre mais qui s’est faite en accélérée. Tout étant plus intense et fort en voyage, l’hypothèse d’une rupture peut aussi arriver plus vite. retour de voyage
QUE RAMENONS-NOUS DANS NOS SACS ? retour de voyage
A tous ces souvenirs de voyage
Nous en ramenons des milliers dont certains sont encore très frais et d’autres déjà bien rangés dans leurs « petites boites » à souvenirs. Nous ramenons ces centaines de levers et couchers de soleil où trépignant comme un enfant Olivier me traînait (le matin, que voulez-vous je ne suis pas du matin ! ). Ces lueurs aux milles couleurs venant chatoyer les temples de Bagan à Myanmar ou encore Angkor au Cambodge. Me vient à l’esprit cette soirée, où posés en haut d’un temple, nous avons littéralement engloutis un ananas dont j’ai encore le goût en bouche. retour de voyage
Ces fruits, eux aussi sont des souvenirs merveilleux. Partout, tout le temps et goutus. Alors que la petite fringale s’installe, un saut au coin de la rue, et nos papilles frémissent déjà de bonheur. retour de voyage
Nous ramenons le bonheur des transports. Une vraie expérience en soi où les émotions font le yoyo selon l’humeur du chauffeur, ton voisin (humain ou…animal), le fret qui rajoute quelques tonnes au bus, l’état du bus, l’état des routes… et j’en passe. Une expérience qui, sans jouer sur les mots, t’apprend le lâcher prise car il n’y a rien d’autres à faire. Je repense inévitablement à ce passage de frontière entre le Vietnam et le Cambodge où dans un mini-van de 12 nous étions 24. En voyage, nous devenons des contorsionnistes ! Jusque là me direz vous… »ha houai, quand même ! ». L’histoire ne s’arrête pas là. Elle continue avec notre chauffeur qui partagera son fauteuil conducteur avec un nouveau passager. Passage de police en vue…aucun souci monsieur, passez ! retour de voyage
En voyage, il y a les transports sur terre mais aussi en mer ou en l’air. Et ils n’ont rien à envier à leur copain « sur terre ». Imaginez, un charmant petit bateau « fait maison » en bois avec des flotteurs de chaque côté en bambou. En son centre, de charmants petits bancs en bois pas confort pour un sou mais sur lesquels vont être assises vos petites fesses pendant les 7 prochaines heures. Le départ approche, mettez tous vos gilets de sauvetage pour la photo. Clic ! Vous pouvez les enlever. On ne rigole pas avec la sécurité apparemment 🙂 Bienvenue aux Philippines ! Le bateau largue les amarres, nos flotteurs censés flotter se noient littéralement dans 15 cm d’eau. Nous sommes en surcharge totale. Nous sommes biens, heureux, mais à ce moment-là, un peu inconscients.
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Mais pour faire un voyage qui sort de sa zone de confort, ne faut-il pas dé-rationaliser (dans une certaine mesure) le danger ou la peur ?
retour de voyage
Le meilleur pour la fin. Les rencontres, souvent éphémères mais si intenses et authentiques. C’est cette authenticité qui nous a profondément marqué. Des rencontres sans complications ou questionnements tortueux, des rencontres curieuses et simples, des rencontres où l’on a l’impression de connaitre les gens depuis toujours. Elles ont pu se manifester par un simple sourire dans la rue, un regard ou un coucou. Je repense à ces nombreux enfants au Cambodge courant derrière notre moto plutôt que fuyant l’inconnu. Elles ont aussi été des moments plus palpables chez l’habitant où reçus comme dans notre maison, nous avons partagé leur repas, une infime partie de leur quotidien. Je ne peux écrire ces lignes sans penser à cette expérience sans nom en Polynésie Française sur l’île de Huahine. Reçus chez une famille protestante au coeur sur la main mais sans le sou, nous avons vécu la plus belle notion de partage et de simplicité. Une vie communautaire (tante, nièce et enfants) dans des maisons de fortune à même le sable, sans eau courante et chaude, sans réelle cuisine et où les seules poelles sont aussi grasses que sales. Une vie où le sourire et la gentillesse font bien vite oublier ces poelles et qui nous donnent même envie d’y faire des crêpes dedans ! Les meilleures crêpes de notre vie pour le bonheur partagé avec cette famille. Tout simplement 4 jours gravés à jamais, là, au plus profond. retour de voyage
A toutes ces leçons de vie ! retour de voyage
Notre plus grande peur aujourd’hui est de ne pas arriver à être à la hauteur de tout ce que nous a appris le voyage. De se faire (re)-happer par une société de codes, de consommation et désinformation. A tout ce que le voyage nous a apprit: ces valeurs de simplicité (pas que sur le papier); ces petits riens qui nous ont tant rendus heureux. Oui, à tout ces riens car au final ils ont jalonnés notre voyage et lui ont donné vie. Alors ne tient qu’à nous de nous donner les moyens d’arriver à nos fins, nous direz vous ! Certes, mais la chose ne semble pas si aisée dans une société où tout est fait pour te conformer. Nous nous en donnerons les moyens car nous ne l’envisageons pas autrement mais nous ne sommes qu’au début de chemin. retour de voyage
CHOISIR DE RENTRER: LE VRAI DÉFI D’UN LONG VOYAGE retour de voyage
Rentrer…nous l’avons choisi en notre âme et conscience, en sachant que le voyage serait inscrit en nous comme un tatouage indélébile. Choisir de rentrer ne veut pas dire renoncer au voyage. Mais rentrer, nous le voulions. Notre voyage nous a fait prendre conscience qu’une vie « plus sédentaire » est possible sans qu’elle ne soit, de près ou de loin, une cage ou une prison. Cela ne sera pas sans difficultés mais elle nous semble possible car nous avons changé de regard sur la vie. Ne pas vouloir changer ni la société, ni les autres mais bien soi. Changer notre microcosme pour le faire à notre image. Nous voulons être nous-même, entier. Ne pas être mi figue mi raisin. Simplement suivre notre chemin !
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C’est certainement cela le plus dur dans un tour du monde: prendre la décision de rentrer au bercail. Avoir cette peur d’être (re) happé par la trivialité d’une vie bien rangée, par les tentations extrêmes d’une société de consommation. retour de voyage
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Cette réflexion nous hante encore aujourd’hui car si nous savons très clairement ce dont nous voulons et ne voulons plus, nous ne savons pas encore comment mettre tout cela en application. Il nous faut laisser du temps au temps et les cubes s’imbriqueront naturellement. retour de voyage
Partir en voyage longue durée a fait naître en nous un sentiment paradoxal: nous nous sentons de partout et nulle part à la fois. En voyage nous sommes libres de toutes contraintes de temps, d’argent (jusqu’à un certain point) et d’espace. Chaque lieu que nous foulons devient le notre car notre esprit le veut et l’accepte. Bouger, se déplacer à notre rythme n’est plus une contrainte mais un choix qui nous fait trépigner de bonheur à l’idée d’avancer et de découvrir. Revenir d’un voyage, même si cela est un choix, est alors synonyme de questions auxquelles les réponses ne sont pas évidentes. retour de voyage
OÙ VA-T-ON MAINTENANT ? retour de voyage
C’est la question que nous nous posons, dans tous les sens, de jour comme de nuit. Ce n’est pas tant la direction qui nous pose question mais bien le chemin. Le but, l’aboutissement, l’envie, nous les imaginons. Ils ont mûris en nous pendant ces 3 années de voyage. Mais quel chemin prendre? En rentrant de voyage, c’est une page blanche qui se dessine où tout est à refaire. Certains reprennent le cour de leur vie où ils l’avaient laissée en partant, d’autres prennent des chemins inconnus mais plus en adéquation avec eux, d’autres ne savent pas. Nous sommes un peu des trois ! En phase d’atterrissage, nos esprits prennent encore la température de cette société que nous avons laissée il y a plusieurs années et essayent d’y imaginer leur petit trou. Nous devons vous avouer que ce n’est pas évident et que nos petites têtes partent dans tous les sens.
Nous direz vous qu’il y a bien pire dans la vie ! Et nous sommes absolument d’accord. Nous revenons d’une expérience incroyable, nous ne sommes pas sans domicile (merci papa, maman ! Même si à 34 et 36 ans dire que l’on vit chez ses parents ça nous fait bizarre !), nous avons des diplômes et encore des économies. Alors, de quoi se plaint-on, non de diou ! Mais de rieeennn ! Toutes ces tribulations, nous les avons car, un jour, nous avons pris cette folle décision de mettre les voiles. Alors, aujourd’hui le chemin n’est pas très clair mais nous refairions tout pareil…
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Ces questionnements sont le résultat d’une étape de vie que jamais nous n’aurions imaginéE il y a quelques années. Ces sont des bonnes et saines questions qui malgré l’aspect inconfortable qu’elles apportent, nous rappellent chaque jour que nous l’avons fait… ce tour du monde ! retour de voyage
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Tous ces mots sont très personnels et le retour d’un voyage ne peut avoir de généralités. Mais nous espérons que notre témoignage pourra résonner en vous comme ceux d’autres voyageurs l’ont fait avec nous. Nous nous sommes rendus comptes que nous revenions avec les mêmes craintes et les mêmes constats. Seule la manière d’appréhender tout cela est unique !
Alors, longue vie au voyage, longue vie aux rêves
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